SPM et ostéopathie : vers une approche intégrative et naturelle
- Nathalie Nash de Saint Germain
- 14 août
- 9 min de lecture
Entretien avec Victoria Ganteaume, ostéopathe engagée

Partie 1 : À la découverte de l’ostéopathie
Victoria, pouvez-vous nous expliquer simplement ce qu’est l’ostéopathie ?
L’ostéopathie, c’est une thérapie manuelle qui s’appuie sur une connaissance fine de l’anatomie et de la physiologie pour comprendre ce qui, dans le corps, ne fonctionne pas de manière optimale. Concrètement, on utilise uniquement nos mains pour détecter et corriger les zones de tension ou de blocage.
L’idée, c’est que quand une structure perd en mobilité — que ce soit une articulation, un muscle, un organe — cela peut perturber son bon fonctionnement et entraîner des douleurs ou des troubles à distance.
En redonnant du mouvement et de la fluidité, on aide le corps à retrouver son équilibre et ses capacités d’autorégulation.

Quelles sont les grands principes ou approches qui guident votre pratique ?
Je travaille toujours avec une approche globale : je prends en compte le corps dans son ensemble, mais aussi la personne dans sa globalité. Une douleur ne survient jamais par hasard — elle est souvent la conséquence d’un déséquilibre plus profond.
Mon rôle, c’est de chercher la cause en remontant parfois très loin dans l’histoire corporelle du patient. J’accorde aussi une grande importance à l’écoute, au ressenti et à l’adaptation : chaque patient est unique, donc chaque séance l’est aussi.
Quelles sont les différences entre l’ostéopathie et d’autres approches manuelles comme la kinésithérapie ou la chiropraxie ?
La kinésithérapie est plus centrée sur la rééducation après un traumatisme ou une opération, souvent avec des exercices actifs. La chiropraxie se concentre essentiellement sur le système nerveux et les ajustements de la colonne vertébrale. L’ostéopathie, elle, propose une approche plus globale : on intervient aussi bien sur le système musculo-squelettique que sur les organes, les fascias, le crâne, etc. On prend aussi en compte les interactions entre le corps physique, le système nerveux et l’état émotionnel.
Quel type de formation faut-il suivre pour devenir ostéopathe ?
La formation dure cinq ans à temps plein dans une école agréée par le ministère de la Santé. On y étudie l’anatomie en détail, la physiologie, la pathologie, la sémiologie médicale, et bien sûr toutes les techniques ostéopathiques. Il y a aussi une grosse partie de pratique clinique. Pour ma part, j’ai été formée à l’École d’Ostéopathie de Paris (EOP), et j’ai eu l’opportunité de faire des stages dans plusieurs établissements hospitaliers : au CHU d’Orléans, à l’hôpital Saint-Louis, à Sainte-Anne et à la maternité Robert Debré. Ces expériences ont été très formatrices et m’ont permis de développer une sensibilité particulière à certains publics, notamment les femmes et les nouveau-nés.

Existe-t-il une spécialisation ou une sensibilité particulière à développer pour accompagner les femmes, notamment en lien avec leur cycle hormonal ? Oui, accompagner les femmes, et plus spécifiquement leur santé gynécologique ou hormonale, demande une vraie sensibilité, de l’écoute et des connaissances spécifiques. Pour ma part, j’ai très vite ressenti une appétence naturelle pour la sphère féminine. Ce sont des problématiques qui me touchent profondément, à la fois en tant que femme et en tant que thérapeute. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à consacrer mon mémoire de fin d’études au syndrome prémenstruel (SPM), et plus précisément à ses manifestations douloureuses comme les lombalgies et les céphalées de tension. Depuis, je continue à me former sur les sujets en lien avec le cycle menstruel, les douleurs pelviennes, la fertilité, etc. J’aime accompagner les femmes à mieux comprendre leur corps, à se réapproprier leur cycle, et à ne plus subir des symptômes qu’on considère trop souvent comme “normaux” alors qu’ils ne le sont pas. Pour moi, c’est une mission essentielle de mon métier.
Partie 2 : Comprendre le syndrome prémenstruel (SPM)

Comment définiriez-vous le syndrome prémenstruel ?
Quels en sont les principaux symptômes ?
Le syndrome prémenstruel, ou SPM, désigne l’ensemble des signes physiques, émotionnels et comportementaux qui surviennent généralement dans la phase lutéale du cycle, c’est-à-dire quelques jours avant les règles. Ces symptômes disparaissent souvent avec l’arrivée des menstruations, mais entre-temps, ils peuvent être très pesants. Ils varient énormément d’une femme à l’autre, mais parmi les plus courants, on retrouve : maux de tête, douleurs lombaires ou abdominales, fatigue importante, ballonnements, seins sensibles, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil, chute de moral… C’est souvent un “combo” difficile à vivre, surtout quand cela revient tous les mois.
À votre connaissance, quelles sont les causes ou les facteurs qui aggravent le SPM ?
Le SPM est principalement lié aux variations hormonales naturelles qui surviennent dans la deuxième moitié du cycle, en particulier aux fluctuations des œstrogènes et de la progestérone. Mais ces variations ne sont pas les seules responsables. D’autres facteurs jouent un rôle important, comme le stress chronique, une mauvaise hygiène de vie, des troubles digestifs, un sommeil de mauvaise qualité, un déséquilibre alimentaire ou encore des tensions dans certaines zones du corps, notamment au niveau du bassin ou du diaphragme. C’est une combinaison de facteurs mécaniques, hormonaux, digestifs et émotionnels, ce qui explique pourquoi certaines femmes ressentent fortement les effets du SPM, tandis que d’autres beaucoup moins.
Pourquoi ce sujet vous tient-il à cœur en tant qu’ostéopathe ?
Parce que je suis moi-même concernée par le SPM. J’ai vécu pendant plusieurs années avec des douleurs que je pensais “normales” : maux de dos, grosse fatigue, irritabilité, migraines… Et c’est en avançant dans mes études que j’ai compris que ces symptômes pouvaient être soulagés, qu’il existait des approches naturelles, comme l’ostéopathie, pour mieux vivre cette période du cycle. J’ai aussi vu, dans mon entourage, beaucoup de femmes subir ces symptômes sans vraiment trouver d’écoute ni de solution. Alors en tant que future ostéopathe à l’époque, c’est devenu une évidence de creuser ce sujet. Mon mémoire de fin d’études portait justement sur le lien entre le SPM, les lombalgies et les céphalées de tension. Aujourd’hui, c’est un axe fort de ma pratique. Et ce que je trouve particulièrement motivant, c’est de voir que de petites améliorations dans le corps peuvent entraîner de vrais changements dans la vie quotidienne des patientes. Moins de douleur, plus de sérénité, une meilleure compréhension de leur cycle… C’est vraiment précieux.

Partie 3 : L’ostéopathie comme soutien au cycle féminin
Comment l’ostéopathie peut-elle agir sur les troubles liés au SPM ?
L’ostéopathie agit en restaurant la mobilité des structures du corps, en favorisant la circulation des fluides (sanguins, lymphatiques, hormonaux) et en régulant le système nerveux. Et c’est justement ce dont le corps a besoin pendant la phase prémenstruelle, qui est souvent marquée par une grande sensibilité, des congestions pelviennes, des troubles digestifs ou un déséquilibre hormonal. En travaillant sur le bassin, l’abdomen, le diaphragme, la colonne vertébrale, le crâne ou encore les fascias, on peut améliorer la vascularisation des organes, soulager les tensions et apaiser le système neurovégétatif. Résultat : des douleurs moins intenses, un sommeil plus récupérateur, un état émotionnel plus stable. C’est un accompagnement tout en douceur, mais qui peut vraiment transformer le vécu du cycle. Quels types de manipulations ou de techniques utilisez-vous dans ce contexte ? J’utilise des techniques très variées, toujours adaptées à la patiente et à ce qu’elle vient chercher. Cela peut aller de mobilisations douces du bassin ou des lombaires à des techniques viscérales pour libérer les tensions au niveau de l’utérus, des intestins ou du foie. Je travaille aussi beaucoup sur le diaphragme, qui est une vraie “clé” dans l’équilibre hormonal et émotionnel. Il m’arrive également d’utiliser des techniques crâniennes, surtout en cas de céphalées ou de troubles du sommeil, ou encore des techniques fasciales très fines qui permettent de libérer des tensions profondes sans forcer. Combien de séances sont généralement nécessaires pour constater une amélioration ? Ça dépend vraiment des cas. Certaines patientes ressentent un changement dès la première séance — moins de douleurs, une meilleure énergie, un sommeil plus stable — surtout quand leur corps est très réactif. Pour d’autres, il faut un accompagnement un peu plus régulier, sur deux ou trois cycles, pour obtenir des effets durables. L’idée, ce n’est pas de faire une séance tous les mois indéfiniment, mais plutôt d’apprendre à écouter son corps, à anticiper les phases plus sensibles, et à consulter au bon moment si besoin.
À quel moment du cycle menstruel recommandez-vous une consultation ? Je recommande souvent de consulter juste après les règles, en début de phase folliculaire, car c’est un moment où le corps est plus “disponible” au travail thérapeutique. Les tissus sont moins douloureux, moins congestionnés, et c’est idéal pour préparer le cycle suivant dans de bonnes conditions. Mais ça peut varier selon les patientes. Certaines préfèrent venir juste avant les règles, pour apaiser les tensions présentes en phase lutéale, surtout si elles savent que c’est là que les douleurs ou les troubles émotionnels apparaissent. On adapte en fonction du vécu de chacune.

Quels sont les retours que vous recevez de vos patientes après un accompagnement ostéopathique pour le SPM ?
Les retours sont souvent très positifs. Beaucoup de patientes me disent qu’elles se sentent « allégées », qu’elles vivent leur cycle avec plus de confort et de compréhension. Certaines rapportent moins de douleurs, un meilleur transit, un moral plus stable, ou même une sensation de se réconcilier avec leur corps.
Ce que j’aime dans cet accompagnement, c’est qu’on ne se limite pas à traiter un symptôme : on aide les femmes à reprendre le pouvoir sur leur santé, à mieux se connaître, à faire la paix avec leur corps cyclique. Et pour moi, ça a aussi du sens personnellement, puisque j’ai constaté ces bienfaits sur moi-même et sur des femmes proches de moi. C’est une démarche que je trouve profondément gratifiante.
Partie 4 : Approche holistique et conseils complémentaires
Travaillez-vous parfois en collaboration avec d’autres professionnels (naturopathe, sage-femme, acupuncteur, etc.) ?
Oui, tout à fait. Je crois beaucoup à l’intérêt du travail en réseau, surtout quand il s’agit d’accompagner des troubles multifactoriels comme le SPM. Il m’arrive de recommander à certaines patientes de consulter une naturopathe pour faire un point sur leur équilibre hormonal ou leur alimentation, une sage-femme pour des douleurs gynécologiques plus spécifiques, ou encore une acupunctrice pour un soutien énergétique et émotionnel. L’idée, c’est vraiment d’adapter l’accompagnement aux besoins de chaque femme. On ne soigne pas un SPM avec une seule approche : c’est souvent la combinaison de plusieurs petits leviers qui fait la différence.

Recommandez-vous des exercices, des postures ou des habitudes de vie en complément du traitement ostéopathique ?
Oui, très souvent. En ostéopathie, on accompagne la patiente sur la table, mais aussi en dehors. Je propose par exemple des exercices de respiration pour relâcher le diaphragme, des étirements doux pour le bassin ou le bas du dos, ou encore des postures de yoga qui favorisent la détente abdominale et pelvienne. Je donne aussi quelques conseils simples pour prendre soin de soi au fil du cycle : écouter sa fatigue, ralentir quand le corps le demande, s’autoriser à dire non. Ce sont des gestes qui paraissent anodins, mais qui ont un vrai impact sur les tensions physiques et mentales.

Le stress et l’alimentation ont-ils un rôle dans l’intensité du SPM, selon vous ?
Oui, et pas qu’un peu ! Le stress chronique est un grand perturbateur hormonal. Il agit sur les glandes surrénales, perturbe le sommeil, crée des tensions dans le diaphragme et peut aggraver les douleurs menstruelles. L’ostéopathie peut aider à réduire ces tensions, mais il est aussi important de travailler sur la gestion du stress au quotidien. L’alimentation joue également un rôle-clé : un excès de sucre, d’alcool ou d’aliments transformés peut favoriser l’inflammation et déséquilibrer le microbiote, ce qui peut accentuer les troubles prémenstruels. À l’inverse, une alimentation riche en fibres, en oméga-3, en magnésium et en plantes régulatrices peut vraiment soulager les symptômes.

Quelles routines naturelles ou pratiques bien-être conseilleriez-vous aux femmes sujettes au SPM ?
Je dirais : écoute, douceur et régularité. S’accorder des moments de pause pendant le cycle, pratiquer une activité physique douce (comme la marche, le yoga ou la natation), prendre un bain chaud avec du sel d’Epsom, utiliser une bouillotte sur le bas-ventre… Côté plantes, certaines infusions peuvent être intéressantes : gattilier, achillée millefeuille, mélisse ou framboisier, selon les symptômes. Et puis, noter son cycle sur un carnet ou une appli peut vraiment aider à repérer les phases sensibles, à mieux anticiper et à poser des limites quand c’est nécessaire. L’objectif, ce n’est pas d’être parfaite ou « zen » tout le temps, mais de se créer une hygiène de vie alignée avec son corps cyclique, sans culpabilité.
Partie 5 : Pour conclure Un message que vous aimeriez transmettre aux femmes qui souffrent du SPM et hésitent à consulter un·e ostéopathe ?
Je voudrais surtout leur dire que leurs douleurs et leurs troubles ne sont pas une fatalité. Beaucoup de femmes pensent que souffrir avant leurs règles, c’est « normal », et qu’il faut juste s’y habituer. Mais en réalité, le corps peut être accompagné, soutenu, soulagé. L’ostéopathie ne promet pas une guérison miracle du jour au lendemain, mais elle peut vraiment aider à réduire l’intensité des symptômes, à mieux vivre son cycle, et à retrouver un équilibre global. Et puis, parce que je suis concernée moi-même par le SPM, je peux témoigner que ces accompagnements ont changé beaucoup de choses dans ma vie. Alors, si vous hésitez, je vous encourage vraiment à tenter l’expérience, à vous écouter, et à faire ce premier pas. Où peut-on vous retrouver ou vous contacter si l’on souhaite en savoir plus ou prendre rendez-vous ? Je suis installée en libéral depuis juillet 2025, à Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux. Vous pouvez me retrouver sur Instagram sous le pseudo @osteoganteaume où je partage aussi des conseils sur la santé féminine et l’ostéopathie ou bien sur mon site internet https://mon osteo-92.fr/ Pour prendre rendez-vous, il suffit de passer par Doctolib, où mon agenda est accessible et simple d’utilisation. N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions, je serai ravie d’échanger avec vous !





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